Blankenberge, un témoignage de première main. "Un volcan de haine nous fait réagir démesurément. La solution est fort simple, enlever les jugements, et rester neutre"

 

À l’heure où, d’un côté, les jeunes arrêtés à Blankenberge restent en détention et où, de l’autre côté, les avocats des jeunes de Reuzegom demandent de nouveaux devoirs d’enquête en vue de retarder la tenue du procès (et donc une éventuelle condamnation), j’ai pu recueillir d’une ancienne étudiante, Nadia C, un témoignage direct des événements de Blankenberge. Nadia se remettait d’une très longue épreuve de santé, comprenant également le coronavirus, et voulait profiter d’une journée chaude et tranquille à la plage. La journée fut chaude en effet, mais pas comme elle l’avait espéré. Son témoignage est d’autant plus précieux qu’on a très peu entendu de membres de la communauté incriminée présents au moment des faits. Voici comment Nadia les a vécus.

 « J'étais présente à Blankenberge ce jour-là. Tout ce qui s'est passé m'a dégoûtée. Je suis la première à dire si une personne agit mal quelle que soit son origine. Mais là c'était de l'abus des forces de l'ordre si on peut appeler ça comme ça car pour moi je n' ai vu que du pur racisme ! À pousser même des mamans au sol. J'en ai pleuré... Vous parlez tous sans savoir. Pourquoi les jeunes ne mériteraient-ils pas qu’on leur parle de manière civilisée ? La police se prend trop pour des shérifs du Texas. J’ai longtemps cru que la police était victime parce que je n’ai jamais été sur les terrains. Jusqu’au jour où moi-même, je me trouvais à Blankenberge, j'étais bouleversé par tout ce que je voyais. De l'acharnement pur de la part des policiers, même sur des personnes impuissantes (mamans, jeunes gamins,...), ça donnait des coups de matraque à tout va tout vient. Des jeunes filles tirées par les cheveux... Des mamans qui hurlaient parce que ça ne faisait même pas attention aux jeunes enfants qui jouaient tout autour. Tu ne pouvais pas sortir un seul mot mais eux se laissaient aller pour commencer à les chercher et les insulter de sales étrangers, et qu’ils n’ont rien à faire à Blankenberge. Qu’ici c’est la police qui fait la loi. Un petit jeune a demandé pourquoi vous nous parlez ainsi ? Ils se sont jetés à sept sur lui, l’ont frappé. Ça a été beaucoup beaucoup trop loin pour si peu !!! Je le répète j'étais présente à quelques mètres!!! Tout à dégénéré parce qu'ils ont atteint leur but !


"Un volcan de haine nous fait réagir démesurément. La solution est fort simple, enlever les jugements, et rester neutre"

On nous parle tout le temps de jeune racaille, de buveurs, de fumeurs mais pourquoi ne pas parler de ces jeunes néerlandophones qui, eux aussi,  boivent et fument sans limite à la plage... (j'en ai vu !) et d'ailleurs tout ceci a commencé comme ça par : C'est mon territoire je ne veux pas écouter Ta Musique ! Tous à les chercher... Nous ne sommes clairement pas accueillis.. J'ai envie de dire qu'il y a des méchants et des gentils dans toute communauté ! Mais ce que j'ai vu était une généralité pure ! Des personnes au balcon habitant là applaudissaient les forces de l'ordre en voyant les maltraités. Écœurant. Et quelques heures plus tôt, me baladant sur la digue je vois un jeune africain qui reçoit une amende pour non-port du masque et cinq minutes plus tard une personne de race blanche reçoit un avertissement ? Où est la logique des choses ? Comment voulez-vous que ce monde fonctionne si même vous, gouvernement qui soi-disant nous protégez, avez un fonctionnement pourri !

 Maintenant je comprends ces jeunes qui en ont marre de se faire maltraiter pour rien et qui en ont ras-le-bol !!! En tout cas triste de tout ce que j'ai vu et surtout de leur décision facile à interdire les touristes ! Mais c'est une blague, nous sommes des Belges et non des touristes. Je pense aux personnes comme mes propres parents qui , étant âgés, aiment aller prendre l'air en bord dela  plage, vous leur retirez ça aussi. C'est répugnant !

Une simple dispute a commencé, je dirais plutôt une chamaillerie. Du monde, Il  y en avait, certes. La marée basse, tout se passe bien, arrive la marée haute, cela se resserre. Énormément de policiers circulaient pour des contrôles. Mais chaque fois, la même catégorie de personnes, si je peux dire ça comme ça, était visée. Nous étions juste dans un beau temps de canicule dont toute personne a le droit de profiter, qu'on soit de la région ou non. Est-ce qu’ici, à Bruxelles, on interdit à la Flandre de venir nous faire une visite ou même d’y travailler ? Non ! La police leur faisait comprendre qu'ils étaient de trop... Quelques minutes plus tard, des cris ont commencé, je me suis approchée et on m'a bien expliqué que deux groupes se cherchaient. La police n’étant pas très loin a directement dramatisé les choses, sans savoir réellement ce qui se passait et, en quelques minutes à peine, une tripoté d'agents ont entouré la zone, ce qui a perturbé énormément de personnes et en a attiré énormément AUSSI ! Certains jeunes ont essayé d'expliquer qu'il n'y a rien, qu'ils ne comprenaient pas pourquoi tout ça… Pour une simple histoire de musique ? Certes, il y avait beaucoup de personnes n'habitant pas le coin mais est-ce une raison ?  La côte est un lieu de ressourcement pour quiconque ! Cela fait partie de NOTRE PAYS !!! Il n'y avait aucune communication possible jusqu'au moment où la chose a explosé :  une bagarre entre deux personnes puis les forces de l'ordre ont réagi en bombe, en guerre je dirais même. J'étais choquée, des familles autour de moi qui hurlaient car elles ne voyaient plus leurs enfants. Trop de violence. La police arrivait au fur et à mesure et se jetai tsur la foule. C'était leur façon demander une dispersion avec évacuation immédiate ! Certaines personnes ont été embarquées, d'autres tétanisées… Tout cela aurait pu être évité! Il faut tout observer et non être injuste ! »

 

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