"Balance ton porc" a accouché d'un déni de justice: l'affaire Tariq Ramadan


Le 14 octobre 2017, une journaliste française, lançait la campagne « Balance ton porc », s’inspirant directement de l’affaire Weinstein aux États-Unis. En quelques jours, l’appel suscita 200.000 messages relatifs à des faits de harcèlement, d’agression et ou de viol à l’encontre des femmes.

Neuf mois plus tard, jour pour jour, la campagne a accouché d’un déni monstrueux de justice : le seul homme dénoncé à se trouver en prison est le professeur Tariq Ramadan. Il a été incarcéré le 2 février 2018, alors qu’il s’était rendu volontairement chez le juge d’instruction pour répondre à ses questions et défendre sa version des faits. Depuis, M. Ramadan a été placé en isolement, privé des soins médicaux requis par son état de santé, lynché médiatiquement et jugé de fait par l’opinion publique, les médias et les autorités.

Aucun autre homme public « balancé » au cours de cette campagne, que ce soit sur le continent européen ou nord-américain, ne se trouve en prison. Dans le pire des cas, ils ont dû renoncer à un poste de responsabilité dans le secteur où ils étaient occupés. Les témoignages de certaines femmes, y compris celui de l’initiatrice de la campagne, ont souvent pu être contestés par la partie adverse, ce qui a ralenti les ardeurs de la justice, si tant est qu’il y ait jamais eu ardeur dans ce domaine, sauf pour… M. Ramadan. Aucun élément avancé par la défense n’a été retenu par les juges pour ordonner sa libération en attente d’un procès équitable.

On est en train d’assister dans l’indifférence quasi générale à la mise à mort professionnelle, politique, sociale, psychologique et même purement physique d’un homme dont le tort principal est probablement d’avoir été une figure publique musulmane contestataire de l’ordre établi.
La cause des femmes ne se construit pas sur l’injustice faite aux hommes, quels qu’ils soient. Elle ne peut pas non plus servir à régler des comptes politiques qui lui sont étrangers.

C’est pour cette raison que j'ai signé l'appel réclamant sa libération et que je serai présente devant l’ambassade de France, le 17 juillet 2018 à 17 heures, dans le cadre de la journée internationale réclamant un traitement équitable de Tariq Ramadan. J’espère que nous serons nombreuses, au féminin et indépendamment de nos convictions personnelles.

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